III. La mémoire
Passé le premier quart du siècle, la querelle autour de la bulle Unigenitus change de perspective. A la suite de l'apaisement du débat théologique lui-même se fait jour le souci de témoigner de l'Affaire et d'en transmettre le récit, dans les milieux jansénistes.
Les pamphlets à tendances anticléricales comme les Sarcelades sont accompagnés de notes historiques. L'organe clandestin des jansénistes, les Nouvelles Ecclésiastiques, reprend dans sa version imprimée le récit de l'Affaire à partir de 1713, de la même façon que les recueils factices composés dans cette moitié du XVIIIe siècle présentent très souvent comme première pièce le texte de la Constitution de 1713.
Le souvenir s'appuie également sur les portraits des « défenseurs de la Vérité », et ceux, satiriques, de leurs adversaires jésuites. L'œuvre de compilation de Carré de Montgeron, La vérité des miracles, contenant un grand nombre de gravures, s'inscrit dans ce dispositif mémoriel. La préservation et la transmission de la mémoire de l'Affaire sont devenues des enjeux spirituels, politiques et patrimoniaux.