Jeannine Basso
Jeannine Basso (1927-2015), après avoir consacré une thèse de doctorat à la littérature épistolaire italienne à l’époque moderne (L’épistolographie en langue italienne, 1538-1662), a publié de nombreux articles sur le sujet et exercé une charge de professeur au département d’Italien de l’Université de Lille. Sa thèse, soutenue en 1982, a constitué la matière d’un ouvrage de référence publié en 1990 : Le genre épistolaire en langue italienne, 1538-1662 : répertoire chronologique et analytique.
Conformément à sa volonté, la Bibliothèque Mazarine a recueilli en 2014 une partie de sa bibliothèque personnelle, soit une centaine d’éditions anciennes directement liées à son domaine de recherche : recueils de correspondances personnelles, anthologies d’épistoliers célèbres, traités de correspondance et manuels de secrétariat. La quasi-totalité du fonds est en italien, plus de la moitié des éditions ont été imprimées à Venise, 15 % à Rome et 5 % à Florence, le reste dans une quinzaine d’autres cités italiennes, sauf deux éditions françaises et une hollandaise. 40 % datent du XVIIe siècle, le reste se répartit également entre le XVIe et le XVIIIe.
La littérature épistolaire a fait l’objet de plusieurs tentatives de classification, selon la théorie aristotélicienne des trois genres (démonstratif, délibératif, judiciaire), ou d’après la typologie de Jacques-Joachim Trotti de La Chétardie (lettres d’affaires, lettres familières, lettres galantes, billets doux et lettres de compliments). Elle est également marquée, depuis la Renaissance, par une tendance continue à passer de la sphère privée à la divulgation publique. Ainsi Annibale Guasco publia dans un même recueil, imprimé à Trévise en 1603, ses madrigaux et sa correspondance personnelle - qui comprenait des lettres de compliments et d’envoi de sa production poétique.
Le Del secretario overo Formulario di lettere missive et responsive de Francesco Sansovino, publié à Venise en 1569 et réédité en 1580, constitue l’un des plus remarquables de ces manuels qui fournissaient des modèles et enseignaient les règles d’usage de l’art épistolaire. On citera encore le recueil de correspondance professionnelle de Bernardino Baldoni, qui comprend propositions d’emploi et réponses (Il secretario, 1628), ou le traité de Bartolomeo Zucchi (L'idea del segretario…rappresentata & in un trattato de l'imitatione, e ne le lettere di principi, e d'altri signori, 1600) qui rassemble des lettres de la plupart des épistoliers connus, depuis l’Antiquité jusqu’au Tasse et à Guarini. Le succès du genre conduisit aussi plusieurs éditeurs à traduire et éditer des épistoliers anciens, comme Cicéron, Horace ou Ovide.