Pierre-Antoine Lebrun (1785-1873) ou le romantisme académique
Poète lyrique précoce, Pierre-Antoine Lebrun (1785-1873) Pierre-Antoine Lebrun (1785-1873) multiplie sous le Ier Empire les pièces poétiques, dont plusieurs à la gloire du régime, mais sa notoriété littéraire coïncide avec la Restauration. En 1817, il reçoit à trente-deux ans le prix de poésie de l’Académie française devant, notamment, un Victor Hugo âgé de quinze ans. En 1820 sa Marie Stuart, première pièce à « détendre les vieux ressorts tragiques » (Sainte-Beuve) est représentée à la Comédie-Française ; en 1825 les polémiques qui accompagnent les représentations du Cid d’Andalousie préfigurent celles, cinq ans plus tard, de la bataille d’Hernani. Elles feront de Lebrun un précurseur du romantisme, qui a aussi contribué à l’introduction en France de Byron et Schiller. Proche des jeunes intellectuels libéraux du journal Le Globe, Delécluze, Stendhal, Mérimée, Sainte-Beuve ou Vitet, il fut aussi l’ami de l’acteur Talma et du chansonnier Béranger.
Son élection à l’Académie française en 1828 marque paradoxalement la fin de sa production d’écrivain, mais elle inaugure une brillante carrière administrative et politique qui le place au centre de la vie littéraire : directeur de l’Imprimerie royale sous la Monarchie de Juillet, Lebrun
sera aussi Secrétaire perpétuel (par intérim) de l’Académie française de 1839 à 1848, et directeur du Journal des Savants jusqu’en 1872. Même si « de plus grands et de plus forts se sont emparés de la place plus tard », Lebrun « a été le pionnier patient et résolu qui, sous le feu de l’ennemi, taille, aux flancs du roc, la route sur laquelle les conquérants passent ensuite au galop, mais sans laquelle ils ne passeraient peut-être pas » (Alexandre Dumas fils, successeur de Lebrun au 2e fauteuil de l’Académie française).