Libri italiani / Lecteurs français
En Italie, au cours du premier Âge moderne (1450-1630), la production d’ouvrages en langue vulgaire – toscan essentiellement – concurrence irrémédiablement le latin, et trouve son premier lectorat auprès des lettrés et des élites de la Péninsule. Plusieurs éléments favorisent alors une curiosité croissante des Français pour la langue et la culture italiennes : les campagnes militaires vers Naples ou Milan de Charles VIII à François Ier ; le développement de l’Humanisme et de la Renaissance à partir des modèles transalpins ; le voyage d’Italie des étudiants ; l’accueil par la monarchie française d’alliés, ou bien de proscrits italiens ; les alliances avec les Médicis, les Este ou les Gonzague, maisons princières entourées d’hommes de plume, de savants et d’artistes.
Le livre est l’instrument décisif de ces échanges, d’autant que la fin du XVe et le XVIe siècle constituent une période d’expansion pour l’édition italienne. Traductions, circulation des exemplaires et traces d’appropriation des livres italiens par les lecteurs français en témoignent. La linguistique et la littérature, l’histoire et la religion sont privilégiées. Mais rapidement se fait jour un intérêt pour des répertoires plus spécialisés où les auteurs italiens font autorité, et où l’illustration ajoute à la séduction : mathématiques appliquées aux affaires, ingénierie civile et militaire, fêtes, entretien du corps et divertissement de l’esprit...
Toute bibliothèque française possède bientôt sa part d’ouvrages italiens, de François Ier au plus modeste homme de loi, en passant par Ronsard, l’astrologue du roi Antoine Crespin, l’érudit Peiresc, le savant Mersenne, ou encore les grands serviteurs de l’État au premier rang desquels Mazarin. À travers marques de possession et traces d’usage, les fonds de la Bibliothèque Mazarine éclairent de manière exemplaire ce rayonnement, et ce premier mouvement de pénétration de la pensée, des arts et de la langue italienne en France.
Exposition conçue dans le cadre du projet ANR-EDITEF
(L’édition italienne dans l’espace francophone à la première modernité),
porté par le Centre d'études supérieures de la Renaissance
Commissariat : Amélie Ferrigno,
avec la collaboration de Christophe Vellet